Le COVID-19 a des effets "dévastateurs" sur les femmes, affirme la Directrice de l'OPS/OMS

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La directrice de l'OPS/OMS appelle à contrecarrer le recul potentiel des progrès réalisés dans l'accès des femmes au planning familial et dans la réduction de la mortalité maternelle.

Washington, D.C., 26 mai 2021 (OPS/OMS) - La Directrice de l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS/OMS), Carissa F. Etienne, a averti qu’une perturbation durable des services de santé pour les femmes due au COVID-19 pourrait " oblitérer " plus de 20 ans de progrès dans la réduction de la mortalité maternelle et l'augmentation de l'accès à la planification familiale en Amérique latine et dans les Caraïbes.
 
"Je souhaite attirer l'attention sur les effets sanitaires, sociaux et économiques dévastateurs que ce virus a eu sur les femmes", a déclaré le Dr Etienne lors de sa conférence de presse hebdomadaire.

Les femmes ont été particulièrement touchées par les interruptions des services de santé reproductive et maternelle, a-t-elle déclaré. "Selon les estimations des Nations unies, jusqu'à 20 millions de femmes dans les Amériques verront leur contrôle des naissances perturbé pendant la pandémie, soit parce que les services ne sont pas disponibles ou parce que les femmes n'auront plus les moyens de payer leur contraception."

Les soins aux femmes enceintes et aux nouveau-nés ont également été interrompus dans près de la moitié des pays des Amériques, a-t-elle ajouté. Dans le même temps, les femmes enceintes sont plus vulnérables aux infections respiratoires telles que le COVID-19. Si elles tombent malades, elles ont tendance à développer des symptômes plus graves qui nécessitent une intubation, ce qui peut mettre en danger à la fois la mère et le bébé. 

"Si cela continue, la pandémie devrait anéantir plus de 20 ans de progrès dans l'élargissement de l'accès des femmes au planning familial et dans la lutte contre les décès maternels dans la région", a déclaré le Dr Etienne. "Presque tous les décès maternels sont évitables et un retour aux niveaux de mortalité maternelle d'avant pandémie, qui étaient déjà élevés, pourrait prendre plus d'une décennie."

Le taux de mortalité maternelle en Amérique latine et dans les Caraïbes est passé de 96 à 74 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes entre 2000 et 2017, soit une réduction globale de 23,1 %.

Appelant l'attention sur la prochaine Journée internationale d'action pour la santé des femmes, qui sera célébrée le 28 mai, le Dr Étienne a déclaré : "Nous exhortons les pays à faire exactement cela - agir. Nous pouvons commencer par veiller à ce que les femmes et les jeunes filles puissent accéder aux services de santé dont elles ont besoin - comme les services de santé sexuelle et reproductive, et les soins maternels et néonataux - pendant la réponse à la COVID-19."

"Nous devons nous rappeler que les défis et les inégalités auxquels nous étions confrontés avant la COVID-19 n'ont pas disparu pendant la pandémie - ils n'ont fait qu'empirer et ne peuvent pas être négligés. C'est la raison pour laquelle nous devons faire de la protection de la vie des femmes une priorité collective", a-t-elle poursuivi.  

Les cas et les décès se stabilisent à des niveaux alarmants

Le Dr Etienne a également attiré l'attention sur a déclaration de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la semaine dernière, selon laquelle les décès dus à la COVID-19 ont été sérieusement sous-déclarés. "Le véritable bilan mondial 2020 des décès dus à la COVID-19 est plus proche de trois millions de personnes, soit près du double des chiffres rapportés l'année dernière", a-t-elle déclaré. "Il est inquiétant de constater que la moitié de ces décès ont eu lieu ici, dans les Amériques, ce qui démontre l'impact démesuré de cette pandémie dans notre région."

La semaine dernière, plus de 1,2 million de nouveaux cas de COVID-19 et 31 000 décès ont été enregistrés dans les Amériques.

 "Ces chiffres sont restés inchangés au cours des dernières semaines, mettant en lumière une tendance inquiétante : les cas et les décès plafonnent à des niveaux alarmants", a déclaré le Dr Etienne. "En fait, la semaine dernière, quatre des cinq pays ayant signalé le plus grand nombre de nouvelles infections se trouvaient dans notre région, et les pays d'Amérique latine regroupaient les cinq taux de mortalité les plus élevés au monde."

Une augmentation des cas a été signalée dans les pays d'Amérique centrale, notamment au Costa Rica, au Panama, à Belize et au Honduras, où les lits des unités de soins intensifs sont occupés à plus de 80 %. Dans les Caraïbes, Trinité-et-Tobago a déclaré une urgence nationale à la suite d'une récente épidémie de COVID-19. Cuba continue de signaler une augmentation significative, et Saint-Vincent-et-les-Grenadines connaît toujours des pics a la suite du déplacement de population vers des abris, conséquence des récentes éruptions volcaniques. "Nous sommes également préoccupés par la tendance à la hausse des hospitalisations en Haïti", a noté le Dr Etienne.

En Amérique du Sud, les nouvelles infections ont diminué au Chili, au Pérou et au Paraguay. Mais l'Uruguay, l'Argentine et le Brésil, après avoir connu une diminution pendant plusieurs semaines, voient à nouveau une augmentation des cas. La Bolivie fait état d'une augmentation spectaculaire des cas et des décès, et la Guyane connaît son plus grand nombre de cas et de décès depuis le début de la pandémie.

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Tristan Rousset
roussettri@paho.org