Août 2023
Après plus de trois ans sans nouveau cas confirmé, le département de l'Ouest est devenu, en septembre 2022, l'épicentre d'une nouvelle résurgence du choléra. Le 6 février 2023, une alerte a été émise par la Département Sanitaire de l'Ouest (DSO) en réponse à une augmentation rapide des cas à La Gonâve, une île située dans la baie de Port-Au-Prince, dans le département de l'Ouest. Dans le cadre de son appui à la réponse au choléra du Ministère de la Santé et de la Population (MSPP), l'OPS/OMS a travaillé avec la DSO pour coordonner une opération logistique et renforcer les structures de prise en charge des patients sur l'île, en particulier dans les communes de Pointe à Raquette et d'Anse à Galets.
Un défi logistique
La Gonâve est une île vallonnée avec un accès limité aux infrastructures, y compris à l'eau. L'absence d'un service régulier de ferry la rend difficile d'accès, un facteur qui est encore aggravé par la situation sécuritaire dans la capitale du pays qui entrave le transport.
Afin d'assurer la livraison rapide des fournitures et équipements médicaux d'urgence, l'OPS/OMS a cherché des partenaires pour accélérer la réponse et a signé un protocole d'accord avec l'ONG Humanité Inclusion et son projet Mer Logistique et Urgence Haïti (MERLUH). Grâce à la flotte de MERLUH,
"nous avons pu déployer rapidement plus de 6 tonnes de matériel et de médicaments essentiels à la gestion et au traitement des cas de choléra sur l'île", a déclaré Jude Romain, coordinateur logistique du programme d'urgence sanitaire au bureau de l'OPS/OMS en Haïti.
Renforcer les structures de soins aux patients
Les spécialistes de l'OPS/OMS ont également effectué plusieurs missions pour évaluer les structures de soins déjà en place sur l'île, notamment les deux centres de traitement de la diarrhée aiguë (CTDA) de Pointe à Raquette et d'Anse à Galets.
Au cours de ces visites, la délégation a identifié de nombreuses mesures visant à renforcer la qualité des soins dans ces CTDA, en particulier en ce qui concerne la mise en œuvre des normes en matière d'eau, d'assainissement et d'hygiène (WASH). Il a notamment été recommandé de mettre en place des douches et des latrines pour le personnel et d'installer une station de lavage des mains à la sortie du CDTA. La mission a également souligné la nécessité d'installer un nouveau CTDA dans la section communale de Gros Mangles, qui a connu une augmentation significative du nombre de cas.
Installation d’un nouveau CDTA à Gros Mangles
Une seconde mission a donc été organisée afin de mettre en place ce nouveau CTDA et de former les équipes sur place. Une tente a été érigée avec des points de lavage des mains, des pédiluves à l'entrée et à la sortie et des douches séparées pour les hommes et les femmes. D'autres améliorations ont été apportées, notamment la réfection de la route d'accès, la construction de fosses à excréments et à déchets.
"Grâce à l'installation de ce nouveau CTDA, notre objectif est de fournir un accès rapide aux soins médicaux. Une réponse rapide lors du traitement des patients est d'une importance capitale, car elle peut réduire de manière significative la gravité des symptômes, prévenir les complications et sauver des vies", a déclaré le Dr Paul Valery, épidémiologiste à la DSO.
Une série de sessions de formation du personnel sur les aspects WASH et la prise en charge médicale des patients a également été organisée pour renforcer les capacités des équipes médicales. Ainsi, le nouveau personnel du CTDA est désormais mieux équipé pour prévenir la propagation de la maladie, identifier rapidement les cas suspects, fournir un traitement approprié et collecter les données essentielles à une évaluation précise de la situation et à la prise de décision.
Depuis octobre 2022, la réponse multisectorielle du MSPP, soutenue par l'OPS/OMS et les ONG partenaires, avec l'appui financier des opérations européennes de protection civile et d'aide humanitaire (ECHO), du Fonds central d'intervention pour les urgences humanitaires (CERF) et du gouvernement du Canada, entre autres, a illustré l'importance de la coopération pour surmonter les défis logistiques et sanitaires de cette crise. Malgré la complexité de la situation, cette approche conjointe témoigne de l'engagement collectif en faveur d'une réponse efficace et durable à l'urgence du choléra.