Son histoire est tristement familière. En raison de la violence et de l’instabilité, près de 1,3 million d’Haïtiens ont été contraints de fuir leur domicile. Beaucoup vivent désormais dans des campements de fortune surpeuplés à travers la zone métropolitaine de Port-au-Prince — des lieux où l’eau potable est rare, l’assainissement précaire et où le risque de maladies hydriques, en particulier le choléra, reste élevé.
Bien que le nombre de cas suspects de choléra en Haïti continue de diminuer à l’échelle nationale, la menace n’a pas disparu. Depuis janvier 2025, plus de 2 500 cas ont été signalés, dont plusieurs flambées localisées dans des sites de déplacés.
Pour protéger ces communautés, le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP), avec l’appui de l’Organisation panaméricaine de la Santé / Organisation mondiale de la Santé (OPS/OMS), a renforcé sa réponse dans 66 sites de déplacés à Port-au-Prince et ses environs. Financé par la Direction générale de la protection civile et des opérations d’aide humanitaire de l’Union européenne (ECHO) ainsi que par la Fondation Bill et Melinda Gates, cet effort coordonné sauve des vies et redonne un sentiment de dignité.
L’un des axes centraux de la stratégie est la détection précoce et la réponse rapide. Depuis le début de l’année, près de 87 agents de surveillance et 13 gestionnaires de données ont été formés et déployés pour identifier et signaler les cas suspects. L’OPS/OMS a également aidé à établir un nouveau centre de traitement du choléra (CTC) et fourni des formations sur la prise en charge des cas et la prévention et le contrôle des infections (PCI) dans six CTC déjà existants, dont l’hôpital Saint-Luc, où G. a été soigné.
« À mon arrivée, on m’a donné un lit, un seau et des médicaments. J’avais accès à un médecin presque 24h/24 et 7j/7 », raconte-t-il. De retour aujourd’hui dans le site de déplacés avec sa famille, il réfléchit à sa vie dans le site :
« Je demande la sécurité pour pouvoir rentrer chez moi. Parce que la façon dont nous vivons ici n’est pas une vie humaine — c’est une vie d’animal. »
Au-delà des soins, la prévention reste essentielle. Des séances de sensibilisation communautaire — soutenues par l’OPS/OMS — ont touché près de 7 000 personnes et ont été accompagnées de la distribution de moustiquaires, de comprimés de purification d’eau et de sachets de solution de réhydratation orale (SRO).
« C’est à cause des conditions dans lesquelles nous vivons ici », explique Jacinthe, dont le fils de 6 ans est tombé malade du choléra le mois dernier. « À la maison, tu peux avoir une petite chaise pour asseoir l’enfant. Mais ici, il passe la plupart de son temps par terre. Je l’ai emmené au centre de santé — ils lui ont donné une solution de réhydratation orale et la diarrhée s’est arrêtée. »
Avec l’arrivée imminente de la saison des pluies et l’insécurité qui continue de provoquer de nouveaux déplacements, le risque de nouvelles flambées demeure élevé. Les agents de santé, les volontaires communautaires et les partenaires humanitaires travaillent contre la montre pour garantir que chaque famille ait accès à de l’eau potable, un assainissement sûr et des soins vitaux.
Pour G., Jacinthe et des milliers d’autres qui survivent dans les camps, chaque intervention sanitaire représente plus qu’un service : c’est un pas vers une meilleure santé, une sécurité accrue et l’espoir d’un avenir au-delà des sites.