L’OPS et le MSPP se mobilisent pour les dons volontaires de sang en Haïti

Blood Donor in Haiti
OPS/David Lorens Mentor
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Port-au-Prince, 15 aout 2025 (OPS/OMS) — Face au déficit chronique de sang dans les hôpitaux en Haïti, le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP), à travers son Programme National de Sécurité Transfusionnelle (PNST), et avec l’appui technique et logistique de l’Organisation Panaméricaine de la Santé (OPS) ont organisé deux grandes collectes, les 25 juillet et 1er août, à l’Hôtel Karibe, à Port-au-Prince dans l’objectif d’encourager le don volontaire et régulier pour sauver des vies.

Ces activités ont été coordonnées par les clubs “Amis du Sang” des universités, en particulier la Faculté de Médecine et de Pharmacie de l’Université d’État d’Haïti (UEH) et la Faculté de Médecine de l’Université Notre-Dame d’Haïti (UNDH). Les deux institutions ont mobilisé étudiants, enseignants et réseaux pour assurer le succès de ces journées.

L’OPS a soutenu le MSPP dans la planification et la mise en œuvre, en apportant un appui logistique et technique, ainsi qu’en contribuant à la sensibilisation du public. Des étudiants, des professionnels de santé et des volontaires se sont rassemblés pour renforcer la disponibilité de poches de sang sécuritaires en Haïti.

« Le pays a besoin de 60 000 à 80 000 poches de sang par an, mais jusqu’à présent, nous n’avons jamais atteint 30 000. Aujourd’hui, seulement 20 % des dons sont volontaires ; les 80 % restants proviennent de personnes qui donnent parce qu’un proche en a besoin. Le défi est que le sang doit être testé avant d’être utilisé, et il y a souvent un retard entre sa disponibilité et la demande des patients. C’est pourquoi nous travaillons à augmenter le nombre de donneurs volontaires afin de rendre le sang disponible à temps », a expliqué le Dr Ernst Noel, directeur du PNST.

48 poches collectées et le souhait d’une décentralisation pour sauver plus de vies

Au total, ces deux journées ont permis de collecter et de conditionner 48 poches de sang, renforçant la capacité du pays à répondre aux urgences et aux besoins hospitaliers.

Largisse Requise, étudiante à la Faculté de Médecine et de Pharmacie de l’université d’Etat d’Haiti et membre du club “Les Amis du Sang” en est à son cinquième don en tant que donneuse volontaire. Elle déclare que : « En tant qu’étudiante en médecine, je suis très consciente du manque qui existe et du contexte de crise sociopolitique où les besoins en sang sont encore plus importants, que ce soit pour les victimes de violence par balle ou les femmes qui accouchent. Je prends toujours toutes les précautions avant de donner : je mange, je bois de l’eau, je dors bien. Mon message est de ne pas attendre d’en avoir besoin pour donner. C’est un geste de grande générosité, car aucun laboratoire ne fabrique le sang. Donner son sang, c’est donner la vie. »

Cette mobilisation illustre l’efficacité de la collaboration interinstitutionnelle entre le secteur académique, les autorités sanitaires et les partenaires internationaux, conformément aux priorités de l’OPS et de l’OMS visant à promouvoir le don volontaire et régulier de sang, garant de la sécurité transfusionnelle et de l’autosuffisance nationale.

Le Dr Ernst Noel a également exprimé le souhait de voir, à l’avenir, la collecte et la disponibilité du sang mieux réparties sur le territoire. L’idée serait d’implanter, dans les départements et communes du pays, des centres de dépistage et des postes de collecte, ainsi que des dépôts de sang dans certains hôpitaux publics. « Cela faciliterait la circulation et la disponibilité des dons de sang. Une seule poche peut sauver 8 à 10 nouveau-nés ou 3 adultes », a-t-il souligné.

Dans un pays où l’instabilité, l’insécurité et les contraintes logistiques compliquent l’accès rapide aux soins, la promotion du don volontaire et régulier de sang apparaît comme un geste vital de solidarité nationale, capable de sauver des milliers de vies chaque année.